Statistique

Pardon!

Ce sous-chapitre et tous les graphiques se trouvent en révision...

Statistique

Le sujet en soi n’a pas d’importance dans la réalisation d’une œuvre d’art, car celle-ci commence à naître dès le moment où l’imagination s’empare du sujet. Car c’est le fait même de cette appropriation, et la manière particulière de le faire qui ouvre la porte du domaine de l’art. Le sujet, lui, peut rendre compte, tout au plus, des goûts personnels de l’artiste, de ses commanditaires ou de ses contemporains. Ainsi, dans la perspective de la philosophie de l’art, il est peu pertinent de catégoriser les œuvres selon leur thématique, de partager les peintures, par exemple, en natures mortes, en œuvres à thématique religieuse, mythologique ou simplement narrative, en peintures de genre, historiques ou de paysage, ou encore en portraits ou nus. Ce type de catégories est simplement hors du domaine de l’art. (Egon von Vietinghoff)
 

Sujets – répartition des toiles dans l'ensemble de l'œuvre

Gesamtverteilung Sujets FR
























L'ensemble des œuvres rassemblées (tous médias compris, à l'exception des dessins et eaux-fortes) atteint le nombre impressionnant de 2750, dont diverses inachevées. Ne sont pas comprises dans ce chiffre une centaine de toiles environ, réalisées entre 1938 et 1969, détruites par le peintre lui-même qui n'en était pas satisfait. Les natures mortes aux fruits représentent 52% de l'œuvre, alors que les légumes, champignons, lard, jambon, poissons et autres animaux marins, ainsi que les œufs sur le plat constituent les 8% restant des natures mortes.
 

Répartition des huiles dans les différentes phases

ECLOSION I et II

Dans ses débuts, on ne trouve aucune toile d'Egon de Vietinghoff ayant des fleurs pour sujet. C'est dans la deuxième phase qu'il s'y attaquera, et cela avec d’autant plus de zèle (18%). Si les œuvres figuratives dominent (68% et encore 37% dans la phase Eclosion), c'est que les portraits sont compris dans cette catégorie. D'une part, parce que ce sont eux qui, à ses débuts, ont été les principaux sujets dans son environnement social, car ils lui rapportaient des commandes, d’autre part parce qu'ils lui permettaient d’étendre à la peinture à l'huile ses expériences acquises dans son étude systématique du dessin d'après des modèles. Dans la phase Eclosion II, les paysages tiennent une grande place (19%), ce qui s'explique aussi par la fermeture des frontières due à la guerre: l’esprit entreprenant du jeune artiste avait besoin de ce contrepoids au travail sédentaire en atelier et cherchait ses motifs en Suisse, puisque les buts de voyages lointains étaient alors inaccessibles. La part des natures mortes est encore dans une moyenne raisonnable (29% et 26%). Pour Vietinghoff, c'était l'époque des expérimentations de la technique picturale et la recherche de l'expressivité dans tous les domaines. De sorte que la répartition des sujets n’est à peu près équilibrée que dans la phase Eclosion II.
 

MATURITE

Après l'importance des portraits et l'apogée des paysages, les fleurs prennent une place prépondérante dans la phase Maturité I (39%) – place due en partie au succès remporté dans des expositions par quelques toiles sur ce sujet, ce qui déclenche une demande nouvelle. De la phase Maturité I à la phase Maturité II, on constate une augmentation des natures mortes qui passe du simple à plus du double (24% à 63%), augmentation due notamment à l'entregent de ses marchands. Cela, toutefois, au détriment des scènes de genre variées, des portraits et des nus (cf. surfaces bleues) qui, dans les 25 ans qui suivent la phase Eclosion, ne représenteront plus qu'un tiers de sa production (de 37% à 29%, puis à 13%). En effet, il exécuta de plus en plus souvent des portraits à la sanguine. Quant aux paysages, leur pourcentage diminua de moitié environ à deux reprises (de 19% à 8%, puis à 4%). Vietinghoff était devenu sédentaire et sa vie privée se stabilisa à partir de 1952. Aussi se concentra-t-il alors sur son travail en atelier. En revanche, il se lança dans de plus longs voyages, où il prit le temps de faire des découvertes, sans toutefois s'encombrer d'impedimenta picturaux, ni charger son esprit de recherches de motifs. D'autre part, il passait beaucoup de temps dans les musées des métropoles qu'il visitait. Quinquagénaire, il maîtrisait sa technique et, n’ayant plus besoin de se livrer à des recherches, il développa alors ses dons.
 

PLENITUDE

Les années des phases Maturité II et Plénitude I ont été les plus productives dans l'activité créatrice de Vietinghoff. Une fois encore, les proportions évoluent manifestement en faveur des natures mortes (74%, 83%). Même si ce n'était pas ainsi qu'il se voyait, il était considéré comme en étant avant tout un spécialiste. Petit à petit, l'âge se faisait sentir: ses forces, dans sa dernière phase, ne lui permettaient plus de peindre que des toiles de petit format. Mais les natures mortes – souvent à un seul fruit – lui convenaient mieux que les bouquets de fleurs ou les vastes scènes de genre mythologiques ou bibliques. La part des fleurs reste d’abord presque constante (22%), en opposition à la phase Maturité II, pour diminuer ensuite considérablement (14%). Les tableaux aux scènes de genres variés et les nus diminuent nettement (4%, 3%). Il avait depuis longtemps renoncé à peindre dans la nature (0%, 0%). Le déroulement général des 6 phases démontre que ce n’est pas toujours l'envie du peintre qui est déterminante dans le choix de ses sujets. Vietinghoff, en effet, ne se concentrait pas sur leur reproduction rigoureuse, mais sur la manière de les représenter, de sorte qu'ils lui était souvent indifférents comme tels.
 

 

Répartition des portraits, nus et scènes de genre variées



























(sans l'œuvre graphique)

En général, les portraits sont des commandes, à l'exception évidemment de ceux des membres de sa famille. Egon de Vietinghoff considérait les toiles présentées ci-dessus comme le fruit de son plaisir personnel (à l'exception des portraits réalisés sur commande), aussi n'avait-il pas de raison imposée de l’extérieur d'en faire des œuvres achevées. Parfois aussi parce que sur le moment, il devait se consacrer à autre chose, que ce soit broyer de nouvelles couleurs, profiter de cerises fraîches au marché, répondre à la commande d’une nature morte pour un restaurant ou encore entreprendre un voyage. C'est la raison pour laquelle on trouve dans ses œuvres figuratives un certain nombre de toiles inachevées, voire à peine esquissées. Certaines sont aussi des versions antérieures, ou secondaires d'huiles dont il a préféré une autre composition et qu'il a alors menées à terme.

Mais comme les ébauches ont été conservées par le peintre – peut-être dans le but plus ou moins précis de les reprendre un jour – et qu’elles nous ouvrent une vision sur sa façon de travailler, comme aussi sur son monde artistique intime, ces ébauches évidemment non signées figurent néanmoins dans la banque de données et entrent dans la statistique de son œuvre. Elles n'ont toutefois pas été photographiées, ni numérotées par l'artiste lui-même. Ce travail n’a été réalisé que pendant l’étude de sa succession.
 

 

Répartition des portraits et modèles dans les différentes phases

(sans l'œuvre graphique)

Parmi les 18 toiles de la première phase (jusqu'en 1931), ce sont les nus qui comptent particulièrement, même s'ils ne sont que six, exécutés à l'huile d'après des modèles. Par la suite, il les a réalisés à la sanguine ou au crayon. Dans la deuxième phase (1931-1945), on trouve, à côté de 3 auto-portraits, ceux de son père, de ses deux premières femmes et de sa fille, soit en tout 15 toiles. Et même si la troisième phase (1945-1952) est plus riche (augmentation annuelle de 4 à 5 portraits), le troisième bâton de l'histogramme est plus court. En effet, cette phase ne s'étend que sur sept années. Dans cet intervalle, Vietinghoff exécute encore 3 auto-portraits et 21 portraits de membres de sa famille, dont 15 de sa troisième femme, plus ceux de leur fils. Comme dans la phase précédente, presque tous les autres sont des commandes.

Après les réductions durant les années de la seconde guerre mondiale et les turbulences de sa vie privée (trois mariages et la naissance de ses enfants), qui expliquent que, en tant qu'artiste, il se soit davantage voué à l'introspection en ce qui concernait aussi bien lui-même que ses proches, on ne trouve dans la quatrième phase (1952-1969) qu'une moyenne de 3 portraits en 2 ans. Ce sont presque toujours des commandes, à l'exception de 7 portraits de sa quatrième femme. Dans les cinquième (1969-1983) et sixième phases (1983-1989), il n'existe que 4 portraits de personnes appartenant à son cercle d’amis, car, dans les années soixante-dix, la cataracte évolutive constitue un sérieux handicap, en particulier pour les portraits.
 

 

Répartition des paysages dans les différentes phases


















Pour la première phase (jusqu’en 1931), un seul paysage (« Barques amarrées, Loctudy, Bretagne »), daté de 1928 mais disparu, est attesté par une photographie en noir et blanc, collée dans son album par le peintre qui lui a attribué le numéro 12.

Les œuvres suivantes témoignent des étapes d'une vie tout d'abord mouvementée, puis de la sédentarité de l'artiste installé en Suisse, ainsi que de quelques voyages. C'est dans la deuxième phase (1931-1945) que les paysages sont les plus nombreux (voir le graphique à secteurs), mais c'est dans la troisième phase (1945-1952) que, proportionnellement au nombre des années, il a exécuté le plus grand nombre de paysages, soit plus du double que dans les phases 2 et 4 (le bâton de l'histogramme est certes plus court, mais il faut tenir compte du fait que cette phase n’a duré que 7 ans). Alors que dans la phase 2, un paysage fut peint à Majorque et 6 en Uruguay, on en compte 24 pour la Suisse. Dans la phase 3, ce sont encore 6 paysages néerlandais et 17 suisses. Quant à la phase 4 (1952-1969), elle comprend 18 toiles peintes en Suisse, 8 en France, 6 aux Pays-Bas, 2 en Italie et 1 en Allemagne.

Comme Vietinghoff exécutait toujours ses paysages presque entièrement sur place, sans en rapporter des esquisses à son atelier, leur réalisation était souvent source de nombreuses difficultés: il arriva qu’un essaim de moucherons se pose sur la peinture encore fraîche, une autre fois ce fut un impétueux coup de vent qui colla la toile toute fraîche sur sa blouse, ou bien son trépied s’affaissa sur le sol, ce qui lui fit perdre beaucoup de temps à le réparer. Sans parler des paysages hivernaux, exécutés par une température presque polaire, avec pour conséquence que la peinture gelait dans les tubes...

Cependant, il pouvait parfois s’attaquer à un paysage depuis la fenêtre ouverte d’une maison de vacances chez des amis ou depuis une chambre d'hôtel – protégé ainsi des caprices du temps. Plus tard, le travail dans la nature devint trop pénible pour lui. Le dernier paysage, daté de 1966, est une vue du lac de Walenstadt prise depuis Weesen, en Suisse.
 

 

Répartition quantitative de l'ensemble de l'œuvre dans les différentes phases

L'histogramme démontre de façon impressionnante l'évolution et l'intensité créatrice de Vietinghoff. Dans la phase 1 (jusqu’en 1931), il n'a, en raison de ses études de dessin et de ses expérimentations de technique picturale en autodidacte, achevé en 14 ans que 36 tableaux datés avec certitude. Ce chiffre est multiplié par cinq dans le même laps de temps de la phase 2 (1931-1945). La moyenne annuelle des œuvres est triplée dans la phase 3 (1945-1952), pourtant de moitié plus courte, et atteint son maximum dans la phase 4 (1952-1969), avec 1067 œuvres certifiées être de cette période. La moyenne annuelle de cette phase est tout juste maintenue dans la phase 5 (1969-1983), mais le chiffre est très inférieur car celle-ci dure 3 ans de moins.

Quant à la phase 6 (1983-1989), elle compte en moyenne annuelle autant de toiles que dans la phase 3. Durant les 9 mois 1/2 de sa dernière année créatrice, à l'âge de 86 ans, Egon de Vietinghoff réalise encore 31 œuvres. Mais en septembre, il prend la décision de donner à son pinceau un congé définitif – il avait en effet constaté qu'après environ 2 heures par jour de travail dans son atelier, il n'avait plus la force de grimper ses deux étages. (Veuillez feuilleter plus loin, afin de découvrir la répartition de sa production sous forme de courbe).
 

 

Déroulement de l'activité du peintre sur 7 décennies

Seules sont comptées les toiles dont la date de création est certaine ou vraisemblable. L'œuvre graphique constituée en partie de feuilles non datées, ainsi que d'une centaine environ dont la date de création est trop vague, n’est pas comprises dans cette statistique. Il en va de même d'une autre centaine de toiles des années 1938 à 1969, que le peintre, les estimant mal réussies, a détruit lui-même en 1969.

La courbe des tableaux à l'huile démarre très timidement durant les deux premières décennies. En effet, Vietinghoff, dans ses débuts, était essentiellement préoccupé par trois choses: tout d'abord par la maîtrise du dessin, ensuite par l'étude des maîtres anciens dans les musées ainsi que, sur la base de ces observations, par la reconstitution cela de la technique picturale dans son atelier, de façon expérimentale. Certes, cela ne l'empêchait pas de peindre, mais la plupart de ces toiles furent considérées par lui comme des exercices, voire des échecs sur le plan artistique. Aussi un très petit nombre de ses essais arrivés à terme trouvèrent-ils grâce devant son propre jugement et furent conservés. La troisième décennie est marquée par son retour en Suisse après les années parisiennes et sud-américaines, et par le nouveau départ qu’elles avaient suscité. Il avait derrière lui vingt ans d’expérimentations et de recherches. Aussi mena-t-il à bien plus de tableaux, et la courbe prit alors l'ascenseur. Durant la quatrième décennie, elle continue à grimper, même si elle marque un léger ralentissement. L'artiste avait trouvé sa propre technique, d'une part, et sa vie privée, d'autre part, était marquée par un équilibre tout nouveau. Aussi put-il se concentrer sur son œuvre.

La cinquième et la sixième décennie, soit de 1960 à 1980, sont les plus productives de toute sa carrière, pendant lesquelles il enregistra des succès de vente réjouissants: la courbe atteint alors son maximum. Vers la fin de la sixième décennie, le bonheur de peindre est entamé par l'obligation de se soumettre à quatre opérations (1977-78). Au cours de la septième décennie, il se consacre davantage à ses manuscrits, qu'il tient à mener à terme. Ses forces s’amenuisent progressivement et il est victime de crises cardiaques: la courbe dégringole, certes, mais demeure encore à un niveau étonnement élevé.